mardi 19 août 2008

LE VALLON OBSCUR : MYTHE OU REALITE ?

Crédit photo : NissaLaBella.

Au gré de mes vagabondages dans les rues de Nice, laissant mes yeux découvrir, non seulement le paysage, mais son histoire, il m'est donc arrivé d'effectuer des recherches sur des thèmes qui piquent ma curiosité. Comment le terme de Vallon Obscur aurait-il pu me laisser indifférente ?
Mes recherches ont donc abouti sur certains sites qui n'ont fait qu'émoustiller davantage ma soif d'apprendre.
Ce Vallon Obscur, décrit par tant de voyageurs étrangers, ce vallon, apparaissant dans les guides de voyages, dans des chroniques Suisses, dans des livres botaniques, avait donc (car il faut parler au passé) une existence bien particulière. Sa fraicheur attirait les voyageurs, tout autant que les habitants de notre cité.

Il invitait au rêve, car, riche de flore et d'ombres, son chemin tortueux et jonché de cailloux devait être parcouru précautionneusement. Sa fraicheur venait également du petit ruisseau qui venait l'arroser et il valait mieux l'éviter par jour d'orage.

Crédit tableau : peintres.nicehistorique.org

Une aquarelle d'Auguste Carlone nous en donne une image romantique.

Edwin Lee, dans Nice and its climate, 1860, nous en dresse un portrait relativement précis :

“A short distance form Saint Bartholomew is the Vallon Obscur, a narrow passage precipitous rocks, covered with brushwoods, so as to exclude the sun’s rays, and giving issue to a torrent the bed of which is half-filled with large stones and earth detached from the sides of the hills”

"A une courte distance de Saint Barthélémy, se trouve le Vallon Obscur, un passage étroit fait de rochers abruptes, couvert de broussailles, comme pour exclure tout rayon de soleil, et débouchant sur un torrent, dont le lit est à moitié rempli de gros cailloux et de morceaux de terre détachés des flancs des collines."

Crédit photo : NissaLaBella

Une revue Suisse nous en donne une description bien plus complète :

"A quelque distance de notre campagne se trouve un endroit remarquable, appelé le Vallon Obscur, où nous avons passé hier quelques heures fort agréables. Cet endroit forme la terminaison d’une vallée parallèle à la nôtre, dont le dernier prolongement s’enfonce profondément dans la montagne ; les bords en deviennent plus élevés et plus abruptes. Assez large d’abord elle se rétrécit de plus en plus ; les grands rochers où elle est encaissée, se rapprochent par le sommet, et laissent passer à peine un peu de lumière du jour ; enfin un petit ruisseau coule mélancoliquement au fond de la crevasse, où règne la plus agréable fraîcheur. Les parois se rapprochent encore ; avec les mains étendues on peut se retenir de chaque côté, pour ne pas glisser sur les cailloux du ruisseau ; et l’on regarde avec étonnement, en levant la tête, les immenses touffes de fougère qui tapissent le mur perpendiculaire. Il y avait là des Scolopendres de 4 à 5 pieds, sortant du rocher comme de grandes langues vertes, dessinées de leurs rangées brunes de sporanges ; puis une belle espèce aux feuilles découpées en lanières minces, le Ptérès de Crête, qu’on a trouvée aussi en Suisse, aux bords du lac de Bellinzone, et d’autres formes plus connues, mais singulièrement développées et agrandies. Toute cette végétation bizarre était suspendue sur nos têtes, et dessinait ses contours capricieux sur la ligne bleue du ciel, qui perçait entre le sommet des rochers."

Revue Suisse, tome XXIII, 1860.

On retrouve une étude botanique parlant du Ptérès de Crête, ainsi que d'autres spécimen, dans le livre, Voyage aux Alpes-Maritimes, de Fr. Em. Fodéré, 1821.



Cliquer sur les images pour les agrandir. Cet ouvrage a été numérisé par les services de sauvegarde de Google.

Honoré Jean-Baptiste Ardoino en a également dressé une liste dans la Flore Analytique des Alpes-Maritimes, 1867.


Cliquer sur les images pour les agrandir.

Un court récit, d'Antoine Auguste Pasquin, dans les Voyages historiques, littéraires et artistiques, 1843, nous en donne une autre version, plus aristocratique :

"La visite du célèbre Vallon obscur fait une partie charmante. Il faut prendre un jour sec et chaud, et aller à âne ou à cheval, car le fond du vallon est rocailleux et parfois inondé. On passe par La Buffa, maison de campagne de Monsieur le Comte de Cessoles, qui fait grâce au voyageur les honneurs de ses ananas et de ses fleurs."

Crédit carte postale : photos Nice.

Le Vallon Obscur n'est-il plus qu'un nom, comme bien des noms de notre cité (Fontaine du Temple, par exemple) qui n'existerait plus que par un mode virtuel, un cliché de plus, dont le souvenir (pour certains) s'efface de nos mémoires ?
Je suis allée à sa recherche, peut-être suis-je la dernière à m'intéresser à lui, vallon obscur de la mémoire des Niçois, temple perdu dans le creux d'une vallée.
Le monde moderne a ses exigences. Infrastructures notamment (une route mène à Saint Pancrace). Logement, également. Le vallon aujourd'hui est clos par une barrière, à l'abri des regards, acculé à une colline, presque insoupçonnable. Quand vous tapez une recherche Internet, cependant, vous apercevrez qu'il est discrètement évoqué par le site de la Mairie de Nice, et, plus particulièrement, par le site de l'agglomération, car, par une ironie du sort bien cruelle, une déchetterie municipale y a été installée, et, ayant été l'objet de récents aménagements, le Vallon Obscur y est ainsi nommé.
Il se trouve à l'angle du Chemin de Col de Bast et du Boulevard Jean Behra, près du terminus du bus numéro 20.

Description de l'endroit actuel en photos.



Au dessous de cette charmante colline, se trouve l'actuel Vallon Obscur.





Le torrent ?



Le portail.



Je me demande s'il ne continuait pas plus loin, de l'autre côté de la route, en contre-bas, du côté du boulevard de Jean Behra. Mais je ne saurais le dire. La configuration pourrait le laisser supposer.



Pour conforter ce que je dis, il faudrait que je retrouve la maison que l'on trouve sur la carte postale. La zone large se trouve-t-elle plus du côté de Saint Pancrace ou de Jean Behra ?

Affaire à suivre...



dimanche 17 août 2008

LE THEATRE ET LE MAMAC

Le Théâtre de Nice, le Musée d'Arts modernes et leur jardin sont propices aux couleurs, aux prises de vues bien cadrées, avec jeux d'ombres et de lumières. Un pur délice également pour utiliser la couleur Sépia. Quelques démonstrations.
Cliquer sur les photos pour les agrandir.